Le 2 novembre dernier, le gouvernement français a annoncé un plan de financement de 1,8 milliards d’euros pour le développement de projets cloud français et européens.
Cette initiative répond à des mouvements de fonds du marché et des usages de l’informatique, dans un contexte international qui impose la prise de décisions stratégiques pour que la France conserve une position avantageuse dans la course aux données et au numérique.
Plan de financement cloud du gouvernement français
Lors de cette annonce faite dans les bureaux parisiens d’OVHcloud, le Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, Cédric O, a apporté des précisions quant au déploiement de ce plan. Etalé sur 4 ans, il présente un budget de 1,8 milliards d’euros.
L’Etat français y abonde directement à hauteur de 667 millions d’euros. Le reste du budget est constitué d’une participation de 444 millions d’euros versés par l’Union Européenne et de 680 millions d’euros en provenance du secteur privé.
5 priorités sont mises en avant pour ce plan d’accélération :
- Assurer une plus grande souveraineté numérique de l’Etat français en favorisant des solutions en phase avec les valeurs européennes de protection des données (administrations, entreprises et citoyens),
- Accompagner le développement des industriels français du cloud tout en favorisant l’interopérabilité, la portabilité et la réversibilité,
- Financer la recherche, le développement et l’innovation dans des domaines d’application motorisés ou accélérés par le cloud comme la 5G, l’IA, le edge computing et les IOT,
- Accompagner la filière cloud dans le développement durable et la réduction d’émissions de carbone,
- Développer l’offre de formations aux technologies Cloud.
Les projets sont évalués dans le cadre d’un appel à projets « ATF : Plateformes numériques et mutualisation de données pour les filières ». Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 24 novembre sur la page dédiée du site bpifrance. Cédric O a annoncé que 421 millions d’euros ont déjà été alloués à 23 projets de Recherche et Développement par l’Etat Français. D’ici la fin de l‘année et jusqu’à début 2022, de nouveaux projets vont continuer à être financés, par exemple autour du travail collaboratif.
En toile de fond, un objectif fort à ne pas mettre de côté est celui d’utiliser le cloud comme levier de transformation de l’administration française. Depuis 2018, l’Etat souhaite en effet articuler la politique cloud des administrations autour de 3 types de solutions selon le niveau de sensibilité et de sécurité requis :
- Un « cloud interne » à usage exclusif des ministères et accessible par un portail,
- Un « cloud dédié » supervisé par l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) pour héberger les données et applications moins sensibles au sein d’une infrastructure dédiée,
- Un « cloud externe » pour les données à faible sensibilité, sélectionné parmi les offres d’acteurs privés par des centrales d’achat publiques (comme l’UGAP).
Contexte et marché du cloud
Les offres des grandes plateformes américaines comme Amazon Web Services, Google ou Microsoft captent actuellement 69% du marché d’hébergement et de services cloud européen. Leurs innovations et leur approche visionnaire du marché leur ont permis d’asseoir, de longue date, une position très forte.
Ceci concerne les services B to C comme le stockage de document en ligne, les messageries en ligne, le streaming vidéo mais surtout des services B to B.
De nombreuses entreprises ou états européens font en effet appel à ces offres. Il peut s’agir d’un recours indirect avec par exemple l’utilisation de solutions SaaS hébergées par leur éditeur chez un prestataire cloud ou d’un recours direct par les services IT du secteur privé ou du secteur public : simple accès à un data center, solutions PaaS, solutions IaaS, etc.
En effet, les atouts de modularité, de coûts et de puissance de calcul offertes par ces plateformes favorisent notamment les projets avec un socle Big Data ou IA.
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Du côté européen, les acteurs sont plutôt en retrait et les institutions publiques souhaitent rattraper un certain retard. L’offre européenne est tirée par le français OVHcloud et l’allemand Deutsche Telekom mais elle est encore un poids plume avec 2% de part de marché.
S’ajoutent à cela des questions de confidentialité et de droits d’accès aux données hébergées dans des data center extra-européens. Le cloud act américain autorise par exemple les autorités judiciaires à accéder à toute donnée hébergée sur le territoire national.
L’enjeu est donc important, tant sur le plan économique que sur le plan de la souveraineté des données. Il rejoint différentes préoccupations qui ont incité la commission Européenne à mettre en place plusieurs législations autour de la donnée et de l’IA. Sous la direction du commissaire Européen aux marchés, Thierry Breton, elles ont pour objectif de donner un cadre à ces usages et au marché de la donnée ou de l’IA, comme nous l’évoquons dans notre e-book « Les 6 principales tendances à retenir du salon Big Data & AI 2021 ».
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