Cette année, les équipes de DataValue Consulting ont mené une enquête auprès de décideurs des secteurs public et privé pour mieux comprendre les priorités data 2022. Ce baromètre a permis de mieux comprendre les difficultés majeures partagées, les tendances émergentes, ainsi que les trajectoires du marché sur les aspects data.
A cette occasion, nous observons qu’une des préoccupations majeures des organisations est de créer une culture data solide et pérenne. Toutefois, le chantier de l’acculturation des données est loin d’être le plus évident sur le chemin de l’organisation data driven.
La nécessité d’acculturer les organisations à la data
De nombreuses entreprises ont encore du chemin à faire avant de pouvoir acquérir une culture data. Comme le montre le graphique, seuls 24% des décideurs d’entreprise affirment avoir mis en place un plan d’acculturation à la data en interne.
De plus, une large partie de ceux ayant mis en place un plan d’acculturation à la data rencontre des difficultés pour atteindre leurs objectifs. En effet, l’acculturation à la donnée est un projet complexe qui nécessite une préparation et une implication de tous les acteurs de l’entreprise.
On observe que les directions générales et les directions métiers sont les populations les moins matures en matière de compréhension des enjeux en matière de data. Par ailleurs, les entreprises dont le data office est en place depuis plus de 4-5 ans commencent tout juste à se pencher sur l’acculturation, tandis que les organisations plus récentes accusent un retard sur le sujet.
Qu’est-ce que l’acculturation data et pourquoi l’accélérer ?
L’acculturation à la donnée fait référence à l’ensemble des pratiques, des initiatives et des actions de communication visant à améliorer la compréhension de la data et sa maitrise dans l’entreprise afin d’en améliorer la maturité globale. Cela englobe toutes les activités de sensibilisation et de formations mises en place pour que chaque collaborateur comprenne l’importance du patrimoine data.
Après de nombreuses expériences, DataValue Consulting a formalisé une méthodologie décrivant les phases d’un projet data de manière générale. Dans toutes les missions réalisées, nous observons que la vision fondatrice aura un lien direct avec les éléments transversaux du projet, dont l’acculturation.
L’acculturation à la donnée occupe un rôle central dans la mise en œuvre de la stratégie. Une bonne acculturation data garantira une application rapide des nouveaux processus, tandis qu’un manque d’acculturation sera un frein à l’atteinte des objectifs stratégiques.
À titre d’exemple, les entreprises situés sur des marchés matures comme l’énergie ou les télécommunications, ont des objectifs ambitieux de fidélisation. Elles se rendent compte que la conquête client ne se fait plus qu’avec des cartes de fidélités et des appels téléphoniques, mais à travers l’analyse des données. L’exploitation de la data permet de connaître le parcours des clients pour mieux les fidéliser. Or, l’atteinte des objectifs stratégiques sera bien plus rapide si les métiers ont la connaissance nécessaire pour segmenter les clients, les scorer, améliorer les référentiels, assurer la qualité des données, maîtriser les outils pour leur exploitation…
L’objectif est de faire en sorte que les collaborateurs puissent rapidement prendre en main les cas d’usage data pour être le garant de la qualité, la sécurité et l’amélioration continue. Chaque entreprise doit adapter son programme d’acculturation aux spécificités de son système d’information et de ses objectifs stratégiques.
L’acculturation est un réel accélérateur dans l’atteinte des objectifs stratégiques. A contrario, son absence peut causer de graves problématiques : une qualité de données altérée impactera les retours sur investissement, une mauvaise définition des rôles affectera la sécurité des données… Il faut donc définir et mener le programme d’acculturation avec rigueur.
Comment concevoir une stratégie d’acculturation data ?
1. Définir la vision stratégique des données
La définition de la vision stratégique des données permet de couvrir les problématiques suivantes :
- Quel est l’objectif de mon entreprise à moyen terme ?
- En quoi mon patrimoine data peut-il me mène-t-il à cet objectif ?
- Avons-nous la culture data nécessaire pour atteindre cet objectif ?
Il faut identifier les objectifs purement stratégiques, et mettre en parallèle les données qui peuvent aider à les atteindre. Mais ces données aideront seulement si l’entreprise sait les exploiter, il faut donc aussi évaluer le niveau de maturité des équipes.
2. Evaluer le niveau de maturité data
Une fois que la vision stratégique définie et les données identifiées, l’acculturation prend alors le pas. Pour identifier les actions nécessaires, il faut identifier le point de départ à travers une évaluation du niveau de maturité data répondant aux questions suivantes :
- Quelle est la maturité de mon entreprise sur la data en générale ?
- Et sur mon patrimoine data en particulier ?
- Quelles sont les typologies de population ayant besoin d’acculturation ?
- Quels est mon but à atteindre pour arriver à cette maturité ?
Le niveau de maturité data peut se définir à travers la matrice suivante :
La phase d’analyse de la maturité permet d’analyser le patrimoine data et sa cartographie, identifier les différents rôles et leur maitrise de la data, comparer le niveau de maturité selon les fonctions…
Ce travail contribue à la réalisation de groupes et de sous-groupes de population qui feront l’objet d’un accompagnement personnalisé en matière d’acculturation à la donnée.
3. Construire la feuille de route
Un plan d’acculturation est une opération de conduite du changement qui vise à atteindre une organisation data-driven. Comme dans toute conduite du changement, il est essentiel de mettre en place une feuille de route qui doit intégrer les objectifs, les rôles, les budgets, les actions, la timeline et les mesures d’évaluation.
Cette feuille de route de l’acculturation doit répondre à ces objectifs :
- Quels sont les leviers d’acculturation possibles dans mon contexte ?
- Comment ancrer les actions d’acculturation dans le temps ?
- Comment traduire cela en actions d’acculturation puis en une feuille de route ?
Pour susciter une adhésion pleine et entière, les actions d’acculturation data doivent cibler chaque groupe et sous-groupes selon leurs besoins et leur niveau de maturité.
Plusieurs leviers d’acculturation sont à activer :
- Les actions de sensibilisation permettent d’aborder les sujets en moins 1h-1h30 via des webinars, des ateliers, des vidéos…
- Les actions de formation adressent des thématiques plus complexes qui nécessitent plus d’1h30 d’accompagnement. Celles-ci peuvent se faire en physique avec un intervenant externe ou l’équipe data, mais peuvent aussi être digitalisée au travers d’un cursus de formation en ligne.
4. Exécuter et suivre la feuille de route d’acculturation
La réussite du déploiement de la feuille de route est liée à différents facteurs :
- Comment ordonnancer les évènements et exécuter la feuille de route?
- Comment mesurer dans le temps la porter des actions de la feuille de route data ?
- Comment installer l’amélioration continue ?
L’exécution de la feuille de route d’acculturation est portée par le Chief Data Officer, mais elle doit découler d’un travail d’équipe. On peut s’aider de sponsors internes tels que la Direction de la Communication, la Direction des Ressources Humaines ou même le Lab Innovation.
Pour être capable de mesurer l’impact des actions dans le temps, il faut suivre des KPI qui permettent de mesurer l’impact de chaque action (absentéisme, niveau d’intérêt, évolution des pratiques dans les semaines à venir…).
Conseils pour réussir le déploiement de son plan d’acculturation à la donnée
- Aligner le programme d’acculturation avec le comex, les métiers et l’IT. Pour que le plan réussisse, il faut que ces trois parties prenantes soient impliquées et soutiennent le programme d’acculturation. Si l’un d’entre eux le néglige, cela peut fortement affecter toute son exécution.
- Mettre l’accent sur les bonnes pratiques d’exploitation des données par les métiers. Il est important d’éliminer au plus vite les comportements qui altèrent la sécurité et la qualité des données.
- Alterner sensibilisation et formation. Pour construire le programme de formation et de sensibilisation, il faut comprendre le quotidien des métiers et faire en sorte que les actions ne deviennent pas une corvée ou un surplus de travail. Il est conseillé d’alterner les formations plutôt lourdes avec des actions plus légères de sensibilisation.
« Si chacun a connaissance de la valeur d’une donnée, alors chacun pourra faire émerger des projets générateurs de valeur »
Conclusion
L’organisation data-driven est le résultat d’une évolution de la maturité du patrimoine data et de la maturité culturelle, qui vont de pair. Cela signifie que de l’organisation sans référentiel et sans culture data jusqu’à l’organisation dotée d’une gouvernance 2.0, l’acculturation est un processus continu et transverse aux différents niveaux de maturité. L’acculturation data est un pilier essentiel de la gouvernance, c’est elle qui ancrera durablement cette gouvernance dans les processus de l’organisation.