L’acculturation d’une entreprise à la data est une composante essentielle au succès d’une stratégie data centric. Elle constitue un puissant levier qui garantit un alignement durable entre la stratégie et l’engagement des équipes. Quels sont les fondements de l’acculturation data ? Comment mettre en place un programme adapté pour son organisation ?
Qu’est-ce que l’acculturation data ?
Dans un contexte hautement compétitif, les entreprises doivent se doter des moyens permettant d’accompagner leur développement. L’émergence de la data, comme actif stratégique, leur donne l’occasion de mieux affronter l’avenir. Pourtant beaucoup éprouvent encore des difficultés à pivoter vers un modèle d’organisation data centric.
Pour réussir leur transition vers ce nouveau modèle orienté data, les organisations doivent définir une stratégie data qui soit comprise, soutenue et portée par les équipes, qui deviennent alors un catalyseur du changement.
La mise en place d’un programme d’acculturation data à moyen / long terme a pour objectif de mettre en mouvement les parties prenantes afin qu’elles disposent d’une bonne compréhension du lien entre la stratégie définie, les leviers business et les bénéfices attendus. Effectivement, sans savoir ce que leur apporte ou leur fait économiser la data, les équipes éprouveront des difficultés à s’engager dans la transformation.
Beaucoup d’entreprises se font accompagner par des partenaires externes car ils connaissent mal leur patrimoine de données. Ils ne savent pas comment valoriser la data et en dégager un retour sur investissement. Les cabinets de conseil spécialisés en valorisation de la data, peuvent convaincre à travers des retours d’expérience, sur différents métiers ou secteurs d’activité.
Sans une acculturation adéquate, les entreprises se confrontent à de fortes résistances qui freineront la déclinaison opérationnelle de la stratégie data (non-respect des délais, problématiques de coûts et de ressources humaines).
Acculturation data : qui cela concerne ?
Il est important de cibler les différentes typologies de personnes concernées. L’acculturation data doit suivre une approche personnalisée et adaptée à la maturité de chaque groupe de personnes cible :
- Le Top Management : il est important d’acculturer cette population qui va définir, décliner et piloter la stratégie data à l’échelle de l’entreprise. Cela débute par la vérification de leur alignement et de leur degré d’engagement vis-à-vis de la stratégie qu’ils vont devoir porter. Une fois que le top management est solidement en maîtrise des rouages de la donnée, il est plus facile d’embarquer le reste de l’organisation.
- Les opérationnels IT ou professionnels de la donnée : ce sont des profils techniques qui nécessitent une orientation de carrière dépendant possiblement d’une stratégie rendant obsolète certaines de leurs compétences et rendant attractive les compétences nouvelles. Une acculturation data incluant une dimension perspective de carrière est à envisager.
- Opérationnels métiers : ils ne sont pas orientés data, mais sont impactés par la déclinaison de la stratégie dans leur quotidien. L’acculturation peut par ailleurs faire naître de nouvelles vocations parmi cette population.
Méthodologie pour réussir un projet d’acculturation data
L’acculturation data est une initiative amont qui doit être lancée au moment de la définition de la stratégie data afin de préparer les gens au changement. Créer l’adhésion, la motivation, l’engagement des équipes est un cercle vertueux qui va créer une mise en mouvement naturelle.
Les différentes étapes à suivre pour mener un projet d’acculturation à la data :
- Définir la vision stratégique : qu’attend l’entreprise de sa stratégie data ? Que veulent-ils faire de leurs données ?
- Mesure du niveau de maturité data : différents critères interviennent à cette étape de collecte d’informations, pour mesurer le niveau de résistance, la motivation et le niveau de connaissance dans l’optique de réaliser le programme adéquat.
- Réalisation de la feuille de route d’acculturation data : elle peut être ciblée sur une population spécifique ou généralisée à l’ensemble de l’entreprise.
Une fois la feuille de route validée, il faut décliner le programme d’acculturation data à travers plusieurs leviers d’actions :
- Mise en place d’ateliers Design Thinking (speed-boat, pont de corde, etc) et usage de méthodes agiles lors de la gestion de projets en cours.
- Auprès du Top Management, l’acculturation va se baser sur des retours d’expérience réussis réalisés par des sociétés de même secteur ou de même taille. L’objectif est de démontrer le gain à court, moyen et long terme de la valorisation de la data.
- Communication événementielle pour opérer une bonne mise en mouvement : la célébration des victoires permet d’instaurer une dynamique positive et d’ancrer le changement (un projet mis en production, des éléments qui ont portés leur fruit, etc).
- La pédagogie active : vulgarisation des métiers de la data à travers des dispositifs communautaires ou généraux (événements, ateliers, retours d’expériences de personnes pour démontrer les apports de la data, etc).
- Disposer de relais internes (direction de la communication, par exemple) ou externes (prestataire) qui orchestrent le plan de communication sur les bons canaux, au bon moment et avec les bons messages.
Les prérequis pour réussir son acculturation data
- Obtenir un sponsoring fort : cela peut être une personne du métier (au comex/codir), le CDO ou quelqu’un qui a suffisamment de poids ou de budget pour réaliser la stratégie.
- Cibler les populations clés : il faut pouvoir et savoir s’adresser aux bonnes personnes avec le bon niveau de message pour assurer une bonne adhésion.
- Identifier les bons relais d’information : il faut identifier les bons profils qui pourront relayer les messages (relais au sein des métiers ou auprès des équipes qui ont des appétences à ça (fonction pédagogique des sociétés, RH, Communication, etc).
- Ne pas négliger les résistances : il est essentiel d’identifier les points suscitant un manque d’adhésion afin d’ajuster le message ou le canal de communication. D’où l’importance de la phase initiale de mesure de la maturité et du niveau de résistance.
La conduite du changement a toujours existé dans les entreprises. A la différence, l’acculturation data se concentre sur des actifs qui n’étaient jusqu’alors pas considéré comme tel. Ce phénomène nouveau prend de l’ampleur au fur et à mesure de l’accroissement du besoin des entreprises de maîtriser et exploiter ces données. Les populations plus jeunes, pleinement conscientes de ces enjeux, apporteront une dynamique nouvelle au sein des entreprises.
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